Erro
« Mon premier nom d'artiste était Ferro. Je l'avais trouvé à la suite d'un voyage en Espagne, en 1952. J'avais alors vécu une semaine dans un village, Castel del Ferro. J'avais trouvé ce nom très beau, d'autant plus qu'en islandais, "fer ro" signifie "la tranquillité qui part". Je ne savais cependant pas qu'à Montmartre il y avait un artiste brésilien, Gabriel Ferraud. Or il y a une loi en France, de la période de Vichy, qui stipule que les étrangers ne peuvent pas prendre le nom d'un artiste déjà existant. J'ai donc eu un procès, que j'ai perdu deux fois. Avec Jean-Jacques Lebel, on a alors pensé écrire ce nom avec trois "r", mais cela n'a pas été accepté. Finalement, au tribunal, on a décidé d'enlever le "F". Cela m'a plu. Et en islandais "er ro" veut dire "maintenant c'est calme" ».
Erró, de son vrai nom Gudmundur Gudmundsson, a tracé son parcours artistique à travers un voyage captivant. Initialement connu sous le nom de Ferro, son exploration artistique a débuté lors d'un séjour en Espagne en 1952, où il a puisé l'inspiration dans le pittoresque village de Castel del Ferro. L'adoption de ce nom évoquant la tranquillité a été écourtée par un défi juridique en France, menant à une transformation en Erró, une identité qui reflète une énergie nouvelle.
Son éducation artistique, entamée en Islande puis enrichie en Norvège, en Italie et enfin à Paris, l'a exposé à un réseau influent d'artistes surréalistes, dont André Breton, Max Ernst et Marcel Duchamp. Ces rencontres ont façonné son esthétique, marquée par une fascination pour l'absurde et le mécanique, une fusion entre le rêve et la réalité.
Erró a également été un pionnier dans l'exploration de divers médiums artistiques. En plus de son travail pictural, il s'est aventuré dans le cinéma, réalisant des décors et des masques pour des films tels que "Concerto mécanique pour la folie ou la folle mécamorphose" d'Éric Duvivier. Sa vision artistique s'est également étendue à des interventions publiques, des happenings tels que "Gold Water" et des contributions aux événements révolutionnaires de Mai 68.
Tout au long de sa carrière, Erró a été un artiste polyvalent et prolifique. Son engagement envers la création artistique s'est manifesté dans une série d'œuvres emblématiques, mais aussi dans des projets innovants, tels que la réalisation d'une fresque géante à Angoulême en 1982. Son influence dépasse les frontières de l'art traditionnel, s'étendant à des collaborations avec des éditeurs et des institutions artistiques, ainsi qu'à des expositions internationales.
En 2014, Erró a exposé avec ses pairs Jean-Jacques Deleval et Speedy Graphito à l'Arsenal de Soissons, marquant ainsi une étape importante dans sa carrière. Sa créativité continue de s'épanouir, comme en témoignent ses expositions solo à la galerie Perrotin de New York en 2016 et son engagement continu dans la réalisation d'estampes innovantes, explorant des techniques telles que l'aquagravure depuis 2013.
Erró, à travers son œuvre dynamique et sa contribution à la scène artistique contemporaine, incarne l'esprit d'expérimentation et d'expression artistique libre, explorant les profondeurs de l'inconscient avec une énergie inlassable et une créativité sans bornes.