ODY SABAN, Tendres assemblées de femmes et autres merveilles
Du 14 septembre au 8 octobre 2022

Ody Saban ouvre une nouvelle porte de rêve dans son univers surréaliste émerveillé.
Ici, la végétation n’a pas fini d’étinceler. Ni les êtres hybrides de faire éclore des écosystèmes vertigineux. Ni le goût de l’eau de se confondre avec l’outre bleu du ciel…
Mais les forêts et les océans d’Ody se sentent offerts à des assemblées de femmes. L’objectif constant de ces vastes réunions semble être de conjuguer la poésie visuelle avec la poésie tactile, kinesthésique, olfactive et doucement sonore.
Les objectifs précis, conjoncturels de ces groupements humains très librement structurés sont toutefois ouvertement affichés comme l’indique les titres de ces œuvres. Il s’agit par exemple de « faire naître des volcans perliers », de « sublimer les feux les plus intenses », de « marier la musique érotique avec les chants d’oiseaux », d’apprendre les gestes et les paroles pour que « les éléphants et les albatros s’entr’apprivoisent », d’investir le « Bateau Soleil », d’initier tant d’autres actes collectifs indispensables.
Pour ce faire, des images s’échangent à même la peau avec des caresses, des danses, des chants. Des femmes et leurs désirs se meuvent.
À l’intérieur du féminisme de la nécessité immédiate et de la volonté révolutionnaire, se présente, à perte de vue, un surréalisme féministe. Ici, une liberté éblouissante. Des parfums pour embellir les rêves. Des civilisations nourries au lait de foudre.
Comme souvent chez Ody Saban, plus les œuvres se présentent comme naïves et presque simplement narratives, plus l’identité des personnages et les rapports entre eux la vie et l’univers se complexifient. Parallèlement, les relations entre les matières, les perspectives, les lumières, les couleurs, les formes et les mouvements s’affinent et se troublent pour nous troubler.
Bien que la créatrice de ces vies nues nous prenne par la main, il est impossible de « faire le tour » de ces œuvres. Leurs dimensions mythologiques et utopiques, leur puissance pulsionnelle ne peuvent cependant que résonner en nous, frôlant nos propres cœurs que nous percevons soudain bourrés d’explosifs.
Ici, l’ivresse lucide et la recherche passionnée de sens se nourrissent l’une l’autre. Nous sommes chaleureusement invités à contribuer à ce vaste mouvement de croissance. Avec Ody Saban, accompagnée par l’irruption et l’insurrection calme de ses sœurs, cela n’est pas difficile. Pour commencer à s’aventurer sur les terres volcaniques et fertiles de ces contes aux ramifications infinies, il suffit d’être là et d’entre ouvrir, d’ouvrir ou de fermer les yeux.
Il y aura encore plusieurs « livres d’artiste uniques » extraits de la bibliothèque magique d’Ody Saban. Et d’autres merveilles.


Thomas Mordant, Avril 2022
Ody Saban64
Ody Saban
Turquie
1953
Surréalisme, Art Brut
Ody Saban est une artiste française associée aux courants de l'art brut, hors-les-normes et surréaliste. Elle a été élevée dans un univers mi-juif et mi-musulman, a étudié dans des écoles catholiques, trait qui marque sa signature artistique.

« Artiste inclassable, cette dessinatrice est parfois étiquetée "brute", d'autres fois "surréaliste" ou encore "contemporaine". Si elle a étudié dans des écoles d'art, elle n'en conserve pas moins une imagination inépuisable, une liberté médusante et une inspiration débridée2. »

« La dernière série de peintures d'Ody Saban représente de grands bateaux volants qui la relient à l'utopie révolutionnaire célèbrent à sa façon érotique et amoureuse, le thème de l'émigration. Ody Saban dessine à l’encre de Chine sur du papier de soie, papiers de l'extrême orient, pratique l’aquarelle et la peinture (huile et acrylique). Ces sortes de broderies aux couleurs chaudes rappellent les miniatures, mais aussi l’univers cosmopolite, ce dont elle reste imprégnée. Ses dessins évoquent l’érotisme amoureux et chaque feuille est remplie d’enchevêtrements de corps, de visages, de fleurs, exprimant ainsi la plénitude féminine. Si elle s’identifie à Lilith, la femme maudite, c’est pour mieux combattre la misogynie, mais aussi pour révéler la magie qui se dégage de son univers chargé d’onirisme fantastique.»3