Les artistes
Trier par : Pays
NomCourant
Afrique du Sud
Siegfried Klapper13
Allemagne
Hans Bellmer104
Frederich Schroeder-Sonnenstern99
Bernard Schultze26
Ursula25
Argentine
Leonor Fini44
Virginia Tentindo102
Autriche
Josef Hofer77
Wolfgang Paalen47
Belgique
Jacques Lacomblez54
Brésil
Raimundo Camilo96
Marinela Pelosi73
Canada
Jean Benoit38
Mimi Parent91
Croatie
Slavko Kopac110
Cuba
Roberto Alvarez-Rios1
Jorge Camacho3
Joaquin Ferrer9
Alejandro Ramon105
Écosse
Scottie Wilson23
Espagne
Esteban Frances62
États-Unis
Henri Goetz109
Rosemarie Koczy80
James Metcalf94
France
André Bauchant113
Pierre Bettencourt 39
Anselme Boix-Vives68
Bona Bona Pieyre de Mandiargues89
André Breton40
Henri Bureau2
Siegfried Klapper
Afrique du Sud
Hans Bellmer
Allemagne
Surréalisme
Frederich Schroeder-Sonnenstern
Allemagne
1892-1982
Art Brut
D’origine lituanienne, Friedrich Schröder-Sonnenstern (1892 – 1982) est né en Russie, dans la région de Sovetsk (anciennement Tilsit), près de la frontière allemande. Deuxième d’une famille de treize enfants, il ne reçoit pratiquement aucune éducation de ses parents qui le délaissent. Dès l’âge de quatorze ans, il est placé dans une maison de correction pour vagabondage, vol et voies de fait. Plusieurs autres internements suivront entre lesquels il parvient à terminer un apprentissage en métairie et à exercer ce métier. En 1918, à la suite du vol d’un cheval, il est déclaré irresponsable et interné à la clinique de Sovetsk, d’où il sort moins de deux ans plus tard pour retourner vivre chez ses parents. Il s’enfuit ensuite pour Berlin, où il vivra sous le faux nom de Gustav Gnass. Avec la complicité de sa compagne, il gagne sa vie en escroc, pratiquant l’astrologie et le magnétisme curatif, entre autres. Il est ensuite condamné à plusieurs reprises et interné dans un hôpital psychiatrique situé dans le district de Neustadt, en Allemagne. C’est là qu’il aurait commencé à dessiner.

Excluant une maladie mentale caractérisée, le rapport médical autorise sa sortie en 1934. Durant la Seconde Guerre mondiale, sa survie aux campagnes d’extermination nazie des personnes mentalement déficientes reste un mystère. Reprenant le dessin à la fin des années 1940, il commence à vendre ses œuvres et à se faire connaître, notamment dans le milieu surréaliste. Il cesse de dessiner après le décès de sa femme en 1964 et sombre dans la dépression et l’alcoolisme. Ses œuvres, jugées scandaleuses lors de leurs premières expositions, représentent des personnages composites, sortes de monstres mi-humains mi-animaux, dans des postures souvent très sexualisées.
Bernard Schultze
Allemagne
1915 - 1905
Ursula
Allemagne
1921-1999
Art Brut, Art singulier
Leonor Fini
Argentine
1908-1996
Née d'une mère italienne et d'un père argentin, Leonor Fini passe son enfance et son adolescence à Trieste en Italie, auprès de sa mère et de sa famille maternelle. Elle n'a pas connu son père, très tôt disparu. Dans un milieu bourgeois très cultivé, elle acquiert une culture cosmopolite. Elle quitte sa famille à 17 ans pour s'installer à Milan et commence à peindre, adoptant le classicisme et la peinture tonale à l'exemple de Carrà.

En 1937, elle quitte l'Italie pour Paris et rencontre André Breton et les surréalistes. S'inspirant de leurs théories, elle expérimente le « dessin automatique ». Elle se lie d'amitié avec Georges Bataille, Victor Brauner, Paul Éluard et Max Ernst sans jamais intégrer le groupe, n'ayant aucun goût, selon elle, pour les réunions ni les manifestes. C'est en solitaire qu'elle explore un univers onirique mettant en scène des personnages aux yeux clos (des femmes le plus souvent). Des jeunes gens, un peu androgynes, alanguis face à des sphinges protectrices évoluent ou rêvent dans un climat de fête cérémonielle où l'érotisme flirte avec la cruauté. Chez elle, la femme est sorcière ou prêtresse, belle et souveraine.

Sa première exposition monographique a lieu à New York, en 19392.

Leonor Fini a réalisé de nombreux portraits, tels que ceux de Jacques Audiberti, Jean Genet, Anna Magnani, confectionné des costumes pour le théâtre, le ballet et l'opéra et illustré des textes de Marcel Aymé (La Vouivre), d'Edgar Poe, du marquis de Sade (Histoire de Juliette, 1945).

De nombreux poètes, écrivains, peintres et critiques lui ont consacré des monographies, essais ou poèmes dont Jean Cocteau, Giorgio De Chirico, Éluard, Ernst, Alberto Moravia...

Quoique de façon parfois critique, des peintres comme Ivan Chtcheglov, Roger Langlais ou Le Maréchal se sont intéressés à certaines de ses œuvres, notamment ses paysages fantastiques.

Leonor Fini séjournait souvent retirée du monde, mais non sans festivités, ayant eu des maisons en Loire, en Corse (couvent saint François près de Nonza). Elle rencontre le diplomate italien Stanislao Lepri (1905-1980) en 1946, qu'elle encourage à peindre. Il devient son compagnon et la rejoint à Paris en 1950. Elle partage sa vie et son atelier avec Lepri, jusqu'à la mort de ce dernier en 1980.

Leonor Fini adorait les chats, elle a peint de nombreux tableaux et dessiné plusieurs esquisses et aquarelles en hommage aux chats. En 1977, elle consacra même un livre entièrement dédié à sa passion pour les félidés, Miroir des chats.

Elle meurt dans un hôpital de la banlieue parisienne, sans jamais avoir cessé de peindre et d'écrire3.

De 1939 à sa mort, on a recensé plus de 45 expositions personnelles en Europe et aux États-Unis3.

Neuf films ont été consacrés à son œuvre, dont La Légende Cruelle (1951) de l'écrivain et cinéaste lettriste Gabriel Pomerand.
Virginia Tentindo
Argentine
Surréalisme
J’ai fait la connaissance de Virginia Tentindo en 1997, en rejoignant le comité de rédaction de la revue Supérieur Inconnu, dont elle était membre. Je me souviens, lors de ma première visite dans son atelier, en compagnie de Sarane Alexandrian, avoir été saisi par la beauté convulsive de cet art, en prise directe sur Merveilleux. Virginia nous a toujours accueillis avec une générosité rare et une hospitalité toute argentine, telle une « prêtresse de la Terre-de-Feu » au sein de son sanctuaire onirique, constitué de terres cuites, de bronzes, de marbres, de sa faune et de sa flore, le tout, sorti d’un imaginaire des plus fertiles. Cet atelier, l’écrivain surréaliste José Pierre l’évoqua en 1986, comme « la fabrique des dieux ». Les sculptures de Virginia Tentindo, à la fois sensuelles et terribles, associent des têtes de félidés avec des corps d’hommes et de femmes, aux jambes qui se fondent en une seule, longue et flexible comme un serpent. Ces humanimaux, tels que les appelle Sarane Alexandrian, ont l’air de plantes carnivores. Il ne s’agit pas d’hybrides tels qu’en fabriquent des artistes enclins à des effets insolites faciles, car l’originalité de Virginia est justement de ne pas faire d’assemblages arbitraires. Julio Cortázar a ainsi pu écrire (in Voyage vers un temps pluriel) que chez Virginia Tentindo, « tout est ou peut être mandragore, Gorgone, hermaphrodite, rite phallique, hiérogamie et pourquoi pas épiphanie ». Car rien n’est donné sur un seul plan et la multiplicité des essences est, pour plusieurs de ses sculptures, comme une invite à s’approcher et à toucher ; alors on découvre que ces pièces ne commençaient ni ne finissaient à leur contour visuel mais que le toucher est là pour ouvrir une seconde porte basse. L’art de Tentindo n’est jamais apparence mais toujours intériorité. On dirait, écrit encore Cortázar, « que la nature s’interroge alors sur sa persistante monotonie et cherche à travers l’art quelque chose de plus que l’imitation que lui impartit Oscar Wilde, une rénovation capable de nous arracher à la routine génétique. Là, tout est substitution, parachèvement et ouverture vers de nouvelles constellations de formes. »

Virgina Tentindo est née à Buenos Aires en 1931. Ses grands-parents sont des émigrés italiens qui s’étaient installés, comme tant d’autres en Argentine, non pas par goût de l’exotisme, mais pour des raisons multiples, dont l’exode d’une partie de la population du royaume des Deux-Siciles, Adolescente, elle fréquente les quartiers populaires de Buenos-Aires. Depuis son enfance, elle accompagne sa mère et son père dans les bals de nuit. La musique et la danse (surtout) joueront un rôle important dans sa vie comme dans son travail, qu’elle définira comme « une pratique du corps dans l’espace ».

Le père de Virginia est violoniste dans un orchestre de tango. Virginia Tentindo accomplit sa formation aux écoles Manuel Belgrano, Prylidiano Pueyrredon et Ernesto de la Cracova, avant de réussir le concours d’entrée et de suivre avec succès les cours de l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts. A sa sortie des Beaux-Arts, Virginia Tentindo loue dans le centre de Buenos Aires, avec une amie de dix ans son aînée, un entresol qui a l’avantage de posséder un four et deux vitrines donnant sur la rue, pour exposer ses sculptures. C’est ainsi qu’à l’âge de dix-huit ans, soit deux ans après avoir exposé en 1947 ses œuvres pour la première fois dans la Galerie Peuser, elle put ouvrir sa propre galerie, baptisée du doux nom de Vahiné. Pour rentabiliser l’affaire, outre l’exposition de ses œuvres et de celles de ces collègues de l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts, la jeune artiste donne des cours de modelage. Virginia ressent le besoin de s’assumer dans l’exil, que le tango chante et danse. Avant de quitter son pays, elle présente ses sculptures et ses gouaches dans la Galerie Krayd en 1952 dans une exposition argentine intitulée « Huit Jeunes Artistes Surréalistes ».

En 1953, elle quitte Buenos Aires avec ses amis Osky (le plus grand dessinateur de B.D. des années 50) et sa femme Ruth Varansky. Virginia Tentindo rejoint Naples en passant par Gênes, où se trouve une partie de sa famille. Durant son séjour à Naples, elle approfondie ses connaissances de la céramique et apprend la technique des émaux à Vietri sul Mare. Néanmoins, son désir est de venir s’installer en France. En septembre 1953, Virginia Tentindo arrive à Paris. L’émigrée argentine y est mal accueillie. Le combat commence et tout d’abord pour subsister : elle modèle des objets en terre cuite et travaille au noir dans des conditions difficiles, avant de regagner le soir une chambre sans électricité ni confort. Ce combat, elle le mènera seule durant dix ans. Puis, en marge de divers travaux, comme celui de décorer des boîtes à bonbons pour la maison Fouquet, Virginia Tentindo devient la secrétaire (assistante documentaliste) du poète surréaliste Philippe Soupault, pour qui il fait notamment des recherches dans les bibliothèques. Virginia Tentindo retrouve à Paris son amour de jeunesse : le peintre surréaliste gréco-argentin Juan Andralis (1927-1994). Deux ans plus tard, en 1955, elle retrouve également le peintre et sculpteur argentin Julio Silva, qu’elle épousera en 1959 et avec lequel elle aura deux enfants : Olivier et Stella.

En 1960, Virginia élargit le spectre de son art, en devenant créatrice de personnages en petit format (30 cm), grâce au cinéaste Abel Gance, qui pour son film Austerlitz, lui commande cinquante sculptures de figurines, d’après Le Sacre de Napoléon (1805-1807) du peintre Jacques-Louis David. Neuf plus tard, en 1969, elle réalisera les poupées du remarquable film de Nelly Kaplan, La Fiancée du pirate. Le couple Silva-Tentindo installe un atelier dans la maison familiale et travaille de concert à des œuvres graphiques, des travaux publicitaires et des illustrations diverses. Mais bientôt, après plusieurs périodes de turbulences, le couple se sépare définitivement. Virginia reprend son indépendance et doit assumer seule sa subsistance et celle de ses deux enfants. C’est ainsi qu’elle entame une carrière de graphiste et de maquettiste pour différents éditeurs dont le magazine Science & Vie.

En 1974, Virginia Tentindo s’installe à Pietrasanta, en Toscane, où elle apprend à travailler le marbre, à Torano près des célèbres carrières de Carrare. Dans les fonderies de Pietrasanta, puis de Bologne, elle commence à réaliser ses bronzes. En 1979, Virginia Tentindo installe son atelier au célèbre Bateau-Lavoir, à Montmartre dans le 18e arrondissement de Paris. Ce dans ce lieu que va travailler Virginia, tout comme l’un de ses amis, le peintre surréaliste hongrois Endre Rozsda. Dès lors, son œuvre, saluée et admirée par des personnalités aussi exigeantes que Nelly Kaplan, Julio Cortázar, Dolfi Trost, Théodore Brauner, José Pierre, Pierre Alechinsky ou Sarane Alexandrian, sera présentée dans de nombreuses expositions internationales, collectives et personnelles (130 expositions à 2013).

En 2011, l’Université de Florence et l’Accademia delle arti del disegno, avec le concours de l’Institut Français de Florence et du Centre de recherche sur le surréalisme, lui ont consacré un colloque, sous le titre de : « Les Chimères surréalistes de Virginia Tentindo », en même temps qu’une rétrospective, « Virginia Tentindo, Sculptures, Dessins », à l’Accademia delle arti del disegno. A cette occasion, fut projeté le film de Fabrice Maze et Jean-François Rabain Minimes Innocences consacré à Virginia Tentindo, soit à l’inventrice d’un monde dominé par le mythe, la poésie et l’érotisme ; un monde onirique qui ne cesse d’explorer davantage, toujours davantage, tant la matière que les arcanes de l’être, tout en prolongeant le surréalisme, dont elle est en sculpture l’une des représentantes, comme l’a écrit Françoise Py et avant elle, José Pierre (in L’univers surréaliste, Somogy, 1983).

El fuego ! C’est cela Virginia Tentindo, le tango du Feu de la vie et de la passion ; le Feu du désir et de la poésie ; le Feu de la métamorphose et celui de l’alchimiste qui, de son Athanor, ressort de l’or émotionnel en terre-cuite : un Chat d’octobre ou une Lionne des jours Terre-Lune. Virginia aux mains de flamme sculpte le feu sous la cendre.

Christophe DAUPHIN

Josef Hofer
Autriche
né en 1945
Art Brut
Biographie

Josef Hofer est en 1945 en Bavière. Lui et son frère Walter, né 5 ans plus tôt, souffrent d’un retard mental, de difficultés d’audition et d’élocution. Josef Hofer souffre également d’une mobilité limitée et ne parle presque pas. Leurs parents les élèvent dans une ferme en Haute Autriche et ne les scolarisent pas.

En 1982, le père d’Hofer meurt et sa mère part vivre à Kirchlag avec ses fils. Dès 1985, Josef Hofer fréquente l’hôpital de jour de Linz et, en 1992, il intègre l’institution de Ried, à Innkreis, en Autriche. Là, Élisabeth Telsnig, historienne de l’art et qui collabore à des ateliers pour handicapés mentaux, rencontre Hofer en 1997, découvre son goût pour le dessin et l’encourage dans cette voie. À partir de 1998, l’œuvre d’Hofer est conservée.
Œuvre

Selon les témoignages, Josef Hofer dessinait déjà enfant, il « recopiait des livres d’images » et représentait « son environnement immédiat, la vie paysanne, les chevaux, les chars, les outils, la vannerie, les machines agricoles. » 1. Néanmoins aucun dessin de cette époque n’a été conservé. Ce n’est qu’en 1998, grâce à l’intervention d’Élisabeth Telsnig, que sa production a été systématiquement préservée. À partir de 2001, Hofer dessine principalement des autoportraits en pied, déshabillés. "Il entoure ses nus avec des cadres, comme pour former un cocon protecteur. Frontaux, crus, le sexe rehaussé de rouge, ses corps sont souvent sans pieds ni tête ou alors contraints dans l'espace restant." 2 Michel Thévoz relie ce phénomène à deux évènements : l’achat d’un miroir dans lequel il s’observe plusieurs heures par jour et la découverte d’un album de quatre photographes américains qui traitent du nu masculin. Le sexe masculin est amplement représenté et l’onanisme est un des sujets récurrents de l’œuvre d'Hofer3.

Elisabeth Telsnig décrit sa méthode de travail comme suit: «Il parcourt l'atelier en riant, saisit immédiatement son matériel, un crayon noir, des crayons de couleur, une gomme et un taille-crayon, et travaille de façon autonome avec une grande persévérance. [...] Il gomme souvent, cherche sans cesse de meilleures positions pour ses figures ou des constructions plus précises pour ses machines. Il m'annonce clairement quand il considère son travail comme terminé, toujours en riant, et m'explique par signes le degré d'achèvement du dessin.»4.

Par le biais d’Élisabeth Telsnig, la Collection de l’Art Brut [archive] possède une centaine d’œuvres de cet artiste. Ce musée lausannois lui a consacré une première rétrospective en 2003 et une seconde en 2012. En outre d’autres collections ont accueilli son œuvre en leur sein telles que The Museum of Everything [archive], Art)&(marge [archive], Arnulf Rainer… Il a également été exposé par la galerie am Stein [archive] et par la galerie christian berst [archive]5.
Wolfgang Paalen
Autriche
1905-1959
Surréalisme
Wolfgang Paalen, né le 22 juillet 1905 à Vienne en Autriche et mort le 24 septembre 1959 à Taxco au Mexique, est un peintre, sculpteur et philosophe. Membre du groupe surréaliste autour d'André Breton en 1935, il joue un rôle capital comme peintre et inspirateur pendant son exil à Mexico après 1939. Il est fondateur et éditeur du magazine contre-surréaliste DYN, par lequel il cherche à réconcilier des tendances matérialistes et mystiques (délits en surréalisme) par sa philosophie de la contingence comme substitut au principe surréaliste de la nécessité involontaire. Il apparaît comme l'un des plus influents théoriciens de l´art abstrait pendant la Seconde Guerre mondiale.
Jacques Lacomblez
Belgique
1934
Surréalisme
Jacques Lacomblez se passionne dès son adolescence pour le Romantisme allemand, Richard Wagner, Gustav Mahler, le Symbolisme, Charles Baudelaire, Stéphane Mallarmé, Arthur Rimbaud, le Surréalisme, l'histoire des Cathares, Karl Marx, Sigmund Freud et la psychanalyse ou encore, mystique athée, à certains aspects de la gnose orientale. Il peint ses premiers tableaux d’esprit surréaliste à l’âge de 15 ans lorsqu’il découvre l’univers de Giorgio De Chirico puis celui de Max Ernst qui exerce une forte influence sur son travail. Il a aussi une grande admiration pour Kandinsky et Piet Mondrian. En janvier 1952, sa première exposition a lieu à la Galerie Saint-Laurent, à Bruxelles, réputée pour être un haut lieu de découverte de jeunes talents.

Dans le domaine de l'écriture poétique, après avoir été influencé très jeune par Jacques Prévert, la découverte de Breton et de Benjamin Péret inaugure une nouvelle voie où l'automatisme prendra son importance. Mais l'empreinte de Mallarmé, de recueils comme "Serres Chaudes" de Maeterlinck et "Les Reposoirs de la Procession" de Saint-Pol-Roux restera déterminante. Jacques Lacomblez rencontre René Magritte au début des années 1950 et fréquente les poètes surréalistes belges comme E. L. T. Mesens, Achille Chavée, Marcel Havrenne, Marcel Lecomte ou Paul Nougé. En 1956, il fait la connaissance d'Edouard Jaguer, animateur du mouvement et de la revue "Phases", avec qui il collabore étroitement à l'organisation des différentes activités et participe aux nombreuses expositions en Europe comme en Amérique latine et en Amérique du Nord. Il crée les éditions et la revue "Edda" qui comptera 5 numéros (de 1958 à 1965), et les éditions "L’Empreinte et la Nuit" qui publient des recueils de poèmes de Daniel Abel, Achille Chavée, Claude Tarnaud et Jean Thiercelin ainsi que les siens.

En 1958, par l'intermédiaire de Jean-Jacques Lebel, il rencontre André Breton. À la même époque, il entre en relation étroite avec plusieurs surréalistes dont Georges Henein, Wifredo Lam, Karl Otto Götz, Robert Benayoun, Jean-Pierre Duprey, Gérard Legrand, etc.

Sous l’impulsion de Marcel Lecomte et de Breton, il passe un an en pays Cathares, principalement à Montségur et dans le Sud-Ouest de la France. Durant ce séjour marquant, il se lie d'amitié avec Jean Thiercelin, Adrien Dax et Christian d’Orgeix.

Lacomblez participe à deux importantes Expositions Internationales du Surréalisme : en 1959 à la Galleria Schwarz de Milan, intitulée "Mostra Internazionale del Surrealismo" et en 1961, à l’initiative de Breton et de Marcel Duchamp, à la Galerie D’Arcy à New-York, titrée « Le Domaine des enchanteurs ».

En 1963, débute une amitié jamais démentie avec le poète Claude Tarnaud 1; ensemble et avec Thiercelin, ils partageront, entre autres, la passion pour le jazz et fréquenteront assidûment Julio Cortázar parmi tant d'autres mémorables figures des Arts et des Lettres. Partagé entre Bruxelles et Paris, il rencontre la plupart des artistes et poètes surréalistes du monde entier ; il expose notamment à Paris, à Rome, en Allemagne, au Danemark et au Brésil.

En 1964, à l'occasion de ses 30 ans, une grande exposition lui est consacrée au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.

Après la Pologne en 1980 (Poznañ, Varsovie...), le Musée d’Ixelles à Bruxelles propose sa première rétrospective en Belgique, en 1983.

Féru de musique ancienne, classique et contemporaine, Jacques Lacomblez a réalisé d'importants hommages picturaux à Mahler, Sibelius, Xenakis, Feldman, L. Nono, Grisey ou Ferneyhough... et pour le jazz à Duke Ellington, Thelonious Monk et Ornette Coleman. Il a également illustré plusieurs recueils de poètes, préfacé de nombreux catalogues d’exposition et ses poèmes ont été illustrés par divers artistes.

Sous son impulsion, plusieurs petites maisons d'édition belges et françaises ont fait (et vont faire) place à des auteurs comme Guy Cabanel, Roger Brielle, Gilles Petitclerc, Ludovic Tac et, bien sûr, ses amis Claude Tarnaud et Jean Thiercelin.

Une anthologie de ses poèmes établie par Alain Le Saux, "D'Ailleurs le désir", a paru aux Éditions Les Hauts-Fonds (Brest).

Ses œuvres ont été acquises par plusieurs collections et musées dont les Musées d'Art Moderne de Bruxelles, Rome, Jérusalem (collection Schwarz), Varsovie et Poznan.

Pour célébrer ses 75 ans et 60 ans de création, elles ont été présentées en automne 2009 dans une rétrospective organisée au Musée d'Art et d'Histoire de Saint-Brieuc (Bretagne), en partenariat avec le Collectif des artistes plasticiens des Côtes d'Armor.

À l'occasion de ses 80 ans, la Galerie Quadri (Bruxelles) a présenté, au printemps 2014, une exposition rétrospective "Images de 1951 à 2013" ; à cette occasion est sortie de presse de presse une monographie illustrée en couleur avec des textes inédits de Guy Cabanel, Jean-Michel Goutier & Laurens Vancrevel qui complète celle déjà parue aux éditions Quadri en 2004..
Raimundo Camilo
Brésil
1939
Art Brut
Marinela Pelosi
Brésil
Né en 1957
Art Brut
Jean Benoit
Canada
1922-2010
Surréalisme
Mimi Parent
Canada
Surréalisme
Mimi Parent, née Marie Florence1 Parent le 8 septembre 1924 à Montréal et morte le 14 juin 2005 à Villars-sur-Ollon (Suisse), est une artiste peintre surréaliste canadienne.

Mimi est la huitième des neuf enfants de l'architecte Lucien Parent.

Après sa scolarité au couvent des Dames du Sacré-Cœur2, elle étudie la peinture à l'École des Beaux-Arts de Montréal en 1942 où elle travaille dans l'atelier d'Alfred Pellan3. Au sein d'un groupe contestant l'académisme de l'enseignement, elle rencontre Jean Benoît. En 1947, pour cause d'indiscipline, elle et Jean Benoît sont renvoyés de l'école.

En 1948, Mimi Parent vend toutes ses œuvres à la galerie Dominion de Montréal qui organise sa première exposition personnelle. Elle épouse Jean Benoît et tous deux obtiennent une bourse du gouvernement français pour venir étudier à Paris4.

En 1949, elle expose au Salon de l'Art libre organisé au musée d'Art moderne de la ville de Paris. en 1954, en compagnie de son mari, elle représente le Canada pour l'Exposition de la jeune peinture au Palais de Tokyo1.

En 1959, elle rencontre André Breton et entre au groupe surréaliste.

Elle contribue à l'organisation de l' Exposition inteRnatiOnale du Surréalisme (EROS) présentée du 15 décembre 1959 au 15 février 1960 à Paris. Avec Marcel Duchamp, elle conçoit la maquette du catalogue et réalise la salle du Fétichisme. Elle présente également une boîte verte intitulée Boîte Alerte - Missives Lascives dans laquelle des idées pouvaient être « envoyées ». C'est le début d'une série de boîtes surréalistes.

Jusqu'en 1987, Mimi Parent participe aux principales expositions surréalistes dont :
. Exposition internationale du surréalisme à la galerie Daniel Cordier, à Paris, en 1959,
. Mostra internazionale del Surrealismo à la Galleria Schwarz de Milan, en 1960,
. L'Écart absolu organisée par Breton à la galerie de l'Œil, à Paris, en 1965,
. A Phalla, à la fondation A. Alvarez Pentadeo de São Paolo, en 1967,
. Exposition international du surréalisme aux musées de Prague, Brno et Bratislava en Tchécoslovaquie, en 1968,
. La Femme et le surréalisme au musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, en 1987.

En voulant multiplier les passage de l'image plate au volume et inversemment, Mimi Parent ne cesse d'introduire dans ses peintures toutes sortes de techniques qui vont de la broderie à l'incrustation en passant par le collage. Ses œuvres sont régulièrement publiées dans les revues surréalistes Bief, La Brèche et L'Archibras.

En 2004, le Musée national des Beaux-Arts du Québec consacre une exposition au couple Parent-Benoît.

Après sa mort en 2005, ses cendres (ainsi que celles de son mari, mort en 2010), ont été dispersées au château de Lacoste, Vaucluse, ayant appartenu au marquis de Sade.
Œuvres

Autoportrait au chat, 1945, huile sur toile collée sur carton, 75,4 x 78,7 cm, Musée national des beaux-arts du Québec5,6
Nature morte, 1948 ou avant, huile sur carton, 61,3 x 61,3 cm, Musée national des Beaux-Arts du Québec1,7
J'habite au choc, 1949, première version8
Sans titre, 1951, huile sur toile, 73 x 92 cm, collection particulière9
J'habite au choc, 1955, deuxième version, huile sur bois, 62 x 87 x 8 cm, collection privée10
La Cravate en cheveux, 1959, tableau-objet, collection particulière11
Masculin-Féminin, 19598
Boîte alerte, 1959, carton et papier, 28,0 x 17,9 x 6,4 cm, collection particulière12
La Crypte du fétichisme, 1959, assemblage d'une vingtaine d'objets symbolisant le fétichisme13
Le Veilleur de nuits, 1959 ou 1960, huile sur toile, 74 x 92 cm, Collection Musée national des Beaux-Arts du Québec14
Pour Diane, 19758
Le passage du mervillon, 1975, huile sur contreplaqué et matériaux divers, 52,5 x 65,0 x 7,5 cm, collection privée15
Reliquaire pour un crâne surmodelé du Moyen-Sepik, 1976, matériaux divers, 49,0 x 26,7 x 26,7 cm, collection privée16
La Belle cheval, 1982, boîte-relief, 76,5 × 51,9 cm, Galerie François Petit17
Panthère noire, vers 1983, huile sur contreplaqué et matériaux divers, 73,7 x 101,5 x 18,5 cm, collection particulière18
Les très riches heures du marquis de Sade, 1989, huile sur contreplaqué et matériaux divers, 102,0 x 73,5 x 16,5 cm, collection particulière19
Espace bleu, 1991, boîte-relief, 63 × 77 cm, collection particulière20
Adieu vieux monde, 1991, huile sur contreplaqué et matériaux divers, 86,0 x 94,0 x 17,5 cm21
Anne, ma soeur Anne, 1994, huile sur contreplaqué et matériaux divers, 70,0 x 92,0 x 16,5, collection de l'artiste22
Maîtresse, 1996, cheveux, cuir, huile et bois, 47,5 x 34,5 x 5,7 cm, collection particulière23

Bibliographie

Adam Biro & René Passeron, Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs, Fribourg, Office du Livre, et Paris, Presses universitaires de France, 1982, p. 318.
André Breton, Le Surréalisme et la peinture, Paris, Gallimard, 1965, p. 390.
Georgiana Colvile, Scandaleusement d'elles. Trente-quatre femmes surréalistes, Paris, Jean-Michel Place, 1999, p. 228-234, avec une photographie de l'artiste réalisée en 1977 par Marion Kalter.
Annie Le Brun, « Nostalgiques tableaux de proie », préface pour l'exposition de Mimi Parent, Galerie André-François Petit, mai-juin 1984, dans À distance, Paris, Jean-Jacques Pauvert aux éditions Carrère, 1984, p. 238-242.
Danielle Lord, Mimi Parent, Jean Benoît : surréalistes, Québec, Musée national des beaux-arts du Québec, 2004.

Notes

? a b et c Trépanier, Esther, 1951- et Musée national des beaux-arts du Québec., Femmes artistes du XXe siècle au Québec : œuvres du Musée national des beaux-arts du Québec, Musée national des beaux-arts du Québec, 2010 (ISBN 9782551198573 et 2551198577, OCLC 657061520, lire en ligne [archive]), p. 100,248
? A. Biro, op. cit.
? Comité de rédaction, Anne-Marie Bouchard ; auteurs, Kasia Basta ... et [al.], Croire, devenir, ressentir, imaginer, revendiquer : 350 ans de pratiques artistiques au Québec, Québec, Musée national des beaux-arts du Québec, novembre 2018, p. 58
? Colvile, op. cit.
? Reproduction dans E. Trépanier, op. cit.
? « Autoportrait au chat | Collections Musée national des beaux-arts du Québec » [archive], sur collections.mnbaq.org (consulté le 2 février 2019)
? « Nature morte | Collections Musée national des beaux-arts du Québec » [archive], sur collections.mnbaq.org (consulté le 2 février 2019)
? a b et c Cité dans Biro, op. cité
? Reproduction dans D. Lord, op. cit., p. 72
? Reproduction dans D. Lord, op. cit., p. 73
? Reproduction dans Colvile, op. cit., p. 233
? Reproduction dans D. Lord, op. cit., p. 19
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? Reproduction dans D. Lord, op. cit., p. 91
? Reproduction dans D. Lord, op. cit., p. 98
? Reproduction dans D. Lord, op. cit., p. 99

Liens externes
Slavko Kopac
Croatie
1913-1995
Art Brut
Après des études à l'académie des beaux arts de Zagreb, Slavko Kopa? fait un stage d'un an à Paris, de 1939 à 1940, avec une bourse que lui a accordée le gouvernement français3. Puis, à cause de la Seconde Guerre mondiale, citoyen croate, il est obligé de retourner dans l'État indépendant de Croatie où il arrive en avril 1941 après être passé par Mostar plusieurs semaines et avant d'atteindre la capitale pour enseigner au Lycée de Zagreb jusqu'en 19434.

De 1943 à 1948, il arrive à passer en Italie et vit et travaille à Florence. En août 1948, il s'installe définitivement à Paris et rencontre Jean Dubuffet puis devient le conservateur de la collection de La compagnie de l'art brut dont il est un des fondateurs5. Il fait également partie des artistes dont des œuvres furent conservées à la Collection de l'art brut de Lausanne.
Œuvre
Slavko Kopa? fut un ami et employé de Jean Dubuffet, dont plusieurs œuvres ont été intégrées dans la collection d'Art brut et la « Neuve invention » avant que le premier ne les retire pour les léguer à un musée en Croatie. Son œuvre a été exposée à partir de 1977 à Zagreb, et au Paris Art Center en 1981. La Galerie Alphonse Chave lui a rendu hommage en 1985 en l'exposant aux côtés de Jean Dubuffet à Vence, sous le titre Salut à Jean Dubuffet. Enfin, une importante rétrospective lui est consacrée en 2022 à Zagreb dans le Pavillon Meštrovi? en 2026.
Roberto Alvarez-Rios
Cuba
1932-2015
Surréalisme
Né à Cuba, La Havane, en 1932 et décédé à Saint-Benoît, Île de la Réunion, en 2015.

Peintre, dessinateur et sculpteur, Roberto Àlvarez Ríos intègre l’école des Beaux-Arts en 1949 de la Havane, où il étudie la gravure et la sculpture. Sa rencontre avec Wifredo Lam en 1950 va faire évoluer son style vers le surréalisme. Il s’installe à Paris en 1958 pour étudier aux Beaux-Arts, puis rencontre Roberto Matta et André Breton. Ces derniers tenteront de l’intégrer dans leur mouvement, mais Àlvarez-Rios préfère continuer à développer son art. L’artiste représente Cuba avec Lam en 1971, lors du Festival International des Arts Plastiques à Luchon. Les oeuvres de Roberto Àlvarez-Rios se trouvent dans des musées internationaux comme le Musée National de la Havane, le Musée des Beaux-Arts de Santiago du Chili, et le MAM de Paris. Roberto Àlvarez Ríos a vécu et travaillé à la Ruche, fondation située à Paris et créée par Alfred Boucher (en 1900) réunissant aujourd'hui de nombreux artistes.
Jorge Camacho
Cuba
1934 - 2011
Surréalisme
Né le 5 janvier 1934 à La Havane, et mort le 30 mars 2011 à Paris 15e1,2, est un peintre, dessinateur, graveur cubain lié au surréalisme.

En 1952, il abandonna ses études de droit pour se consacrer entièrement à la peinture.

Au Mexique, en 1959, il rencontra le peintre José Luis Cuevas et ensemble ils entreprirent un long voyage aux sources de la culture maya.

Camacho arriva à Paris en 1959, où il retrouva ses amis: le sculpteur Agustín Cárdenas qui le présenta à André Breton en 1961 et le peintre Joaquin Ferrer. Il intègra très vite le groupe surréaliste. « Celui qui piège », ainsi que le désignait Breton en 1964, restera fidèle à ses premiers engagements.

L'espace pictural de Jorge Camacho aborde des mondes torturés, où l'ésotérisme le plus sophistiqué côtoie un chamanisme surprenant. Au-delà de ces marques, les tableaux de Jorge Camacho expriment un univers poétique, sous l'éclairage raffiné d'une palette fauve.

Écriture, photographie, musique — c'était un amoureux du jazz et du flamenco — tout comme sa passion pour l'alchimie, l'occultisme ou l'ornithologie sont des appoints décisifs à son travail de peintre.

Il a illustré notamment les œuvres poétiques de Jean-Pierre Duprey, Gilbert Lely, Guy Cabanel, Joyce Mansour, Claude Tarnaud.

Il a traduit de l'espagnol en français des poèmes du poète haïtien Magloire Saint-Aude.

Jorge Camacho vivait et travaillait entre Paris et l'Andalousie depuis 1975.

Todo el mundo habla de surrealismo, pero son muy pocos los que lo comprenden (« Tout le monde parle de surréalisme, mais bien peu le comprennent »), Jorge Camacho.
Joaquin Ferrer
Cuba
1928-2022
Surréalisme
Joaquín Ferrer, né le 4 octobre 1928 à Manzanillo (Cuba) et mort le 25 mars 20221 dans le 14e arrondissement de Paris2, est un artiste peintre, dessinateur et graveur lié au mouvement de l'abstraction lyrique.

Après avoir étudié à l’École des Beaux?Arts de La Havane, il fait l’objet chaque année, entre 1954 à 1958, d’une exposition personnelle au salon annuel du Musée d’Art moderne de la capitale cubaine. En 1960, le Ministère de l’Éducation lui accorde une bourse pour aller étudier l’art à Paris. Son voyage prend un caractère décisif, car l’artiste décide de s’y installer et y réside toujours. En 1968, sa première exposition parisienne préfacée par Max Ernst a lieu à la galerie Le Point Cardinal qui va désormais présenter régulièrement son travail.

« […] Quant aux jeunes, je les plains. Comment n’ont-ils pas l’impression que tout a été fait avant eux ? On a tort d’en faire des dieux avant même qu’ils aient eu le temps de s’exprimer. L’un d’eux, Ferrer, est un peu ma découverte. Loin du Pop Art, du Mec’Art et de leurs succédanés, il me paraît profondément authentique […] »

— Max Ernst3

Il est exposé en France à la Fondation Maeght, au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris et en Europe (Belgique, Suisse…). En complément de son travail de peintre, Joaquin Ferrer a aussi développé un œuvre important de graveur en illustrant de nombreux ouvrages de poètes et d’écrivains. Le style de Joaquin Ferrer tend vers l'abstraction lyrique, avec des figures construites comme des casse?têtes qui ne sont pas sans rappeler les arts premiers4.
Biographie
Naissance (1928)

Joaquín Ferrer Marquines est né le 4 octobre 1928 à Manzanillo, petit port de pêche de la pointe orientale de Cuba. Par suite d’une erreur administrative, cette date de naissance est parfois donnée comme le 4 juillet 1929. Son père, Joaquín Ferrer Herrera, exerce, comme ses ancêtres, le métier de tailleur. Sa mère, Altagracía Marquinez López, élève une famille de quatre enfants, deux garçons et deux filles5.
Jeunesse (années 1930-1940)

Le jeune Joaquín va à l’école primaire puis à l’école supérieure de Manzanillo. Très jeune, il se plaît à dessiner et à copier des tableaux. La présence américaine à Cuba se traduit par un clivage avec le reste de la population plus pauvre, mais les enfants n’en souffrent guère. Son père souhaite que l’adolescent reprenne la tradition familiale mais celui-ci est de plus en plus attiré par les arts. En 1948, il travaille à la Compagnie des chemins de fer. Fasciné par l’aviation, il prend des cours de pilotage mais il y renonce dès ses premières expériences pratiques5.
La Havane (années 1950)

Avec l’appui de son oncle, contre le gré de ses parents, il s’inscrit à l’École des beaux-arts de San Alejandro à La Havane. Il se lie à un autre étudiant, Agustín Cárdenas. Avec quelques autres élèves, il est hébergé et nourri à la prison du Castillo del Príncipe, près de l’école, commodité réservée aux étudiants impécunieux. À cette époque, il fréquente déjà, à l’extérieur de l’école, un autre futur peintre, Jorge Camacho. Leur aîné, Wifredo Lam, lui conseille de renoncer aux cours de l’École des beaux-arts, selon lui peu utiles. Joaquín Ferrer suit cet avis. En 1954, il montre ses œuvres pour la première fois au Salon de peinture du Musée d’art moderne de La Havane, et dans d’autres capitales latinoaméricaines. Il épouse Gina Pellón Blanco dont il se séparera et divorcera officiellement en 1971. Première exposition personnelle en 1955 à la galerie La Rampa, à La Havane puis en 1956 à la galerie Lyceum et en 1957 à la galerie Color Luz. Il travaille au Musée d’art moderne avec Cárdenas et Estopeñan et dans une petite galerie, Centro de Arte Cubano, en face de la cathédrale. Il réalise des gravures et, au Musée d’art moderne, une mosaïque dont une coquille dépare la signature en Ferret. La révolution de 1958-1959 à Cuba fait grand bruit dans le monde. En 1959, il reçoit une bourse du ministère de l’Éducation pour lui permettre d’étudier à l’étranger. Embarqué sur la « Reina del Mar », il arrive à La Rochelle le 8 décembre et se rend à Paris5.
Paris (années 1960)

À Paris, le monde intellectuel est en pleine effervescence pro-cubaine. Il loge à la Cité universitaire ; Lam et Cárdenas l’accueillent et le conseillent. La bourse mensuelle de 100 dollars est irrégulière mais la Maison de Cuba est tolérante. Il visite avidement les musées et les galeries de Paris et prend des cours de français à l’Alliance française. En 1961, il expose parmi les « Artistes cubains contemporains » à la galerie du Dragon puis à la galerie Epona. La Maison des jeunes de Clichy expose « Cuba et Cubains » et en 1962 dans l'exposition collective « Art latino-américain » au Musée d’art moderne, à Paris. En 1963, il participe à la IIIe Biennale de Paris au Musée d’art moderne. Lors d’une exposition collective au cinéma-galerie Le Ranelagh, premiers contacts avec le surréalisme. Il s’installe dans un atelier à Pigalle. Pendant près de deux ans, un groupe d’amateurs lui verse individuellement de quoi survivre. Première exposition à la galerie Maya à Bruxelles, et aux Pays-Bas. Il expose dorénavant régulièrement à la galerie du Dragon et dans de nombreuses expositions collectives et des salons : Réalités nouvelles, Grands et jeunes d’aujourd’hui, Comparaisons, etc. Il revoit fréquemment d’autres Cubains de Paris dont Alejo Carpentier. Il rencontre André Breton, Jean Benoît et Édouard Jaguer à la galerie L’Œil lors de l’exposition « L’Écart absolu ». Il rencontre Alain Bosquet par l’intermédiaire duquel Max Ernst demande à le connaître. En 1967, participant à l’exposition « Artistes solidaires d’Israël », il entre en contact avec les membres du Comité d’honneur, Max Ernst, Joan Miró, André Masson et Marc Chagall. Ernst visite son atelier et achète trois peintures puis invite chez lui Jean Hugues, Alexandre Iolas et Bertie Urvater. Hugues lui demande rendez-vous le lendemain et lui propose une exposition dans sa galerie, Le Point cardinal. L’exposition du Point cardinal est préfacée par un dessin-collage légendé de Max Ernst. Les révoltes étudiantes de ce mois de mai n’entravent pas le succès commercial de l’exposition. C’est le début d’une fructueuse collaboration. Il sera mensualisé et régulièrement exposé pendant dix ans. Sa fille Monia naît en décembre 19685.
Années 1970 - 1980

L’existence du peintre est désormais égale. Installé boulevard Brune depuis 1977, il épouse Anne Jézéquel (décédée en 1993), la mère de sa fille, en 1978. En 1979, il est naturalisé français. Il se passionne pour l’art extra-européen. Son quotidien se passe dans son atelier ou en contact avec ses amis : Lam, Ernst, Camacho, Cárdenas, Matta, Miró, Luca, Bosquet toujours fidèle, et beaucoup d’autres. Il voyage (Mexique, Italie, Belgique, Espagne, Pays-Bas) et passe fréquemment les vacances d’été chez Urvater à Palma de Majorque. Les expositions personnelles se succèdent : au Point cardinal, mais aussi à Genève (Engelberts), Bruxelles (Epsilon), Lima (Camino Brent)5…
Années 1990 - 2000

Sa fille Aïa naît en 1992. Il se marie avec Christiane Créteur en 1996, mère de sa fille5.

La monographie Joaquín Ferrer, l’imaginaire absolu dont le texte est dû à Lionel Ray paraît en 2001 aux éditions Palantines. L’organisation d’une exposition rétrospective de l’œuvre de Joaquín Ferrer est décidée à l’initiative de la Maison de l’Amérique latine en 20165.
Alejandro Ramon
Cuba
1943
Surréalisme
Ramón Alejandro naît le 16 février 1943 à Cuba et passe son enfance dans les faubourgs de La Havane, à La Víbora. Il est le petit-fils et neveu de peintres issus des écoles des Beaux-Arts de Madrid et de La Havane. En 1960, il quitte sa famille et Cuba pour voyager de par le monde et visiter de nombreux musées pour voir les originaux des œuvres qui le fascinaient au travers de leurs reproductions ou leurs copies réalisées par son grand-père, admirer le baroque exubérant de certaines églises et se former au métier. Il se rend d'abord en Amérique du Sud, en Argentine, au Brésil et en Uruguay. Il entame même des études aux Beaux-Arts de Buenos Aires. Il arrive en Europe en 1963.

Après un tour d'Espagne, passant notamment par les Asturies, terre de ses ancêtres, il se fixe à Paris en 1963 et s'inscrit dans l'atelier de gravure de Johnny Friedlaender. Il acquiert la nationalité française, fonde une famille et installe son atelier au pied de la butte Montmartre, après avoir vécu à Madrid entre 1976 et 1978. Sa femme, l'artiste peintre Catherine Blanchard, meurt en 1993. Il cherche alors à se rapprocher de son île natale en séjournant à Miami de 1995 à 2004. Il ne parvient pas à s'installer durablement à La Havane en 2005 et se fixe à Mexico en 2007 mais, après un retour à Paris, il revient à Miami en 2011, dans le quartier de South Beach, près de son fils. Il y réside actuellement.
Scottie Wilson
Écosse
Esteban Frances
Espagne
1913-1976
Surréalisme
Henri Goetz
États-Unis
Surréalisme
29 septembre 1909 à New York et mort le 12 août 1989 à Nice, est un peintre et graveur français d'origine américaine.


La famille d'Henri Goetz est d’origine française. Vers 1850, son grand-père, Bernard Goetz, Alsacien de la région de Colmar, quitte la France pour les États-Unis. Bricoleur, il invente durant son long voyage une sorte de réflecteur afin de mieux éclairer sa lecture, son passe-temps principal, dans une cabine peu éclairée. Cette invention simple suscite l’admiration de ses compagnons de voyage et il reçoit rapidement la proposition d’un voyageur de première classe d’exploiter cette trouvaille dès leur arrivée à Philadelphie.

En 1855, Bernard Goetz ouvre une société de réflecteurs, The American Reflector Company, qui deviendra plus tard The B. Goetz Manufacturing Company. Il épouse une Américaine avec laquelle il a cinq enfants. À l’âge de onze ans, le père d'Henri, enfant cadet, est renvoyé de son école, incapable d’apprendre l’orthographe et donc inapte à poursuivre des études plus avancées. Apprenti mécanicien dans la nouvelle industrie de la bicyclette, il participe à des courses cyclistes. Un début de tuberculose l’empêche de poursuivre sa carrière de cycliste, mais il commence à écrire des nouvelles durant les années passées dans l’Ouest américain. De retour dans l’Est, il se marie avec celle qui sera la mère d'Henri Goetz.


Henri Goetz voit le jour en 1909 à New York, où son père dirige une entreprise de matériel électrique. Fils unique, il reçoit une éducation stricte de sa mère, pour qui les principes éducatifs remplacent l’affection. En 1916, sa famille quitte New York pour s’installer en banlieue, à Far Rockaway, dans le Queens. Goetz y termine l’école primaire et secondaire, et ensuite le lycée.

Son rêve de quitter le foyer familial se réalise en 1927 ans lorsqu’il part étudier à Boston, au Massachusetts Institute of Technology, en vue de préparer une carrière d’ingénieur électricien. C’est à cette époque qu’il commence à s’intéresser à l’art, et il suit des cours de dessin. Il s’inscrit en 1929 à l’université Harvard, où il suit des cours d’histoire de l’art. Il quitte l’université la même année pour suivre des cours de peinture au Grand Central School of Art (en) de New York.

Un jour, une étudiante en peinture lui raconte son expérience personnelle de Paris et de ses ateliers. Cela est suffisant pour déclencher en Goetz l’envie de partir pour la France.
Les années d'apprentissage

Arrivé à Paris en 1930, il travaille dans les académies de Montparnasse (Académie Julian et Académie de la Grande Chaumière) et quelque temps dans l'atelier du peintre Amédée Ozenfant. Goetz est intéressé par le portrait et l’étude du nu. Son but était d’exprimer le caractère de ses modèles par une ressemblance extérieure et intérieure au moyen d’une facture expressionniste et très colorée. Il mélange ardemment le procédé cubiste et le coloris expressionniste.

« Au début je me suis consacré uniquement au portrait, car la figure humaine me paraissait contenir une chaleur que je n’avais pas trouvée dans mes études où je me préparais à une carrière d’ingénieur électricien. Durant ces six années, la peinture apprise dans les académies me servait à créer des ressemblances et à approfondir l’intimité du regard des autres1. »

Goetz se retrouve plongé dans le milieu artistique de Montparnasse. Jusqu'alors, sa connaissance de la peinture n'allait pas au-delà de l'impressionnisme. Son ami le peintre Victor Bauer lui ouvre l’esprit à la peinture vivante. « Je lui dois le déclenchement du deuxième stade de mon évolution », dit Goetz2.

Il découvre les œuvres de Pablo Picasso, Georges Braque, Henri Matisse, Georges Rouault, Paul Klee et Vassily Kandinsky. Grâce à Bauer, Goetz se familiarise aussi avec le freudisme, la politique de gauche, la sculpture primitive, la poésie et la musique d’avant-garde. Il poursuit alors l’étude du portrait et commence à peindre en 1933 ses premiers paysages de construction simpliste et laborieuse, dans une matière violente, sombre et très empâtée, où se retrouve à la fois l’influence conjuguée du fauvisme et du cubisme. Son autoportrait de 1935 est construit avec des formes fortement marquées par le cubisme, mais dans un coloris vif et pur, emprunté au fauvisme3. De 1932 à 1934, Goetz habite au 16, rue Bardinet à Paris.

En 1935, Goetz considère que la période de l’apprentissage est finie et se sent prêt à se lancer dans l’aventure de l’invention de sa propre peinture. La même année, il emménage au 19, rue Daguerre à Paris. En septembre, à l'Académie de la Grande Chaumière, il fait connaissance de Christine Boumeester, qu'il épousera la même année. Le couple se lie avec le peintre Hans Hartung, qui était leur voisin de palier rue Daguerre : tous trois exposent la même année au Salon des surindépendants.
La période surréaliste

Dès janvier 1936, Goetz commence à peindre des tableaux non figuratifs4. Une « peinture non figurative de pure invention » pour exprimer son univers intérieur, mais sans se servir des objets du monde réel. « Si je choisis le monde non figuratif, c’est que je crois qu’il est plus vaste que l’autre. Je crois qu’il y a plus à découvrir dans l’inconnu que dans le connu. Si la limite du connu est l’inconnu, l’inverse ne me semble pas vrai5. » Ce changement restera la seule fraction dans son œuvre, qui se développera plus lentement. La décision de rompre avec le monde visible marque également la fin de sa période d’apprentissage et plonge Goetz au cœur des courants actuels en engageant sa peinture dans la modernité. Voulant peindre abstrait, Goetz se lance dans l’exploration de ses visions intérieures. Cependant, tout en revendiquant l’indépendance de sa peinture du monde réel, son discours pictural ne correspond pas à la pratique de l’art abstrait développée dans les années 1930-1940. Le sujet de ses tableaux dépend en grande partie de son imagination et pas seulement de l’agencement de composants formels. Ce changement d’orientation le rapproche du monde surréaliste. Son œuvre se développe dans cette dialectique de courants opposés et c’est là que réside son originalité.

Un événement important de cette période est l’amitié avec le poète Juan Bréa et sa femme, Mary Low, qui font partie du groupe surréaliste d’André Breton. C’est la découverte du surréalisme pour Goetz. En 1936, Goetz ignore à peu près tout de ce mouvement. Son ami, le peintre allemand Oelze Richard, lui parle pour la première fois de Salvador Dalí. À partir de ce moment, Goetz fréquente les surréalistes Raoul Ubac, Benjamin Péret et Óscar Domínguez. André Breton s'y intéresse d'ailleurs — il rencontre Goetz en 1938 —, sans toutefois proposer à l'artiste de participer aux manifestations du mouvement.

L’esprit surréaliste qui imprègne désormais sa peinture va engendrer des pièces comme les Chefs-d’œuvre corrigés en 1938-1939, que Goetz appelle une « collaboration collective posthume ». Sur les fonds des reproductions, Goetz va laisser libre cours aux images associatives que lui suggèrent des œuvres célèbres. C'est en les découvrant en 1939 qu'André Breton leur trouve le titre de Chefs-d'œuvre corrigés. Elles seront exposées dans leur ensemble pour la première fois en 1975 par la galerie Jean-Claude Bellier à Paris, dans le cadre de l’exposition rétrospective Henri Goetz.

La peinture de Goetz n’est cependant jamais dirigée que par le symbolisme des rêves : la spontanéité et l’imagination l’emportent toujours sur l’interprétation du subconscient. Pour les surréalistes, le tableau est le théâtre d’opérations mentales ; pour Goetz, il est principalement le lieu de construction d’un monde inventé, où l’imagination règne et le tableau se nourrit de ses propres sources. La différence est capitale : pour Goetz, tout repose sur l’activité imaginative et inventive et non sur la psychologie.

« Je croyais pouvoir créer des formes où mon inconscient rejoindrait ceux des autres. Cette démarche n’était pas étrangère à celle des surréalistes mais sa réalisation s’opérait dans un univers des formes pour moi abstraites, mais évocatrices d’objets connus, parfois organiques. Cette ressemblance ne m’intéressait guère, ce qui m’éloignait des surréalistes. L’espace de mes tableaux ressemblait à celui des œuvres classiques. Je n’étais pas considéré comme artiste abstrait et pourtant je me sentais plus près d’eux1. »

La Seconde Guerre mondiale

Le début de la Seconde Guerre mondiale trouve Henri Goetz et Christine Boumeester en Dordogne. Grâce à sa nationalité américaine, Goetz n’est pas mobilisable. À l’arrivée des Allemands à Paris, en juin 1940, ils décident d’y rester, puisque l’Amérique n’est pas encore entrée dans le conflit. Mais Paris se vide rapidement et ils partent alors pour Carcassonne rejoindre le groupe surréaliste belge de René Magritte et Raoul Ubac. Deux mois plus tard, ils reviennent à Paris, dans leur nouvel atelier au 72, rue Notre-Dame-des-Champs, où ils fondent, avec Christian Dotremont et Raoul Ubac, La Main à plume, première revue surréaliste parue sous l’occupation.

C’est à cette époque que Goetz s’engage dans la Résistance. Sa véritable activité est la fabrication de faux papiers, son habileté de peintre et sa connaissance des techniques d’impression étant mises au service de la lutte contre l’occupant. Il imprime également des tracts et des affiches qu’il parvient à coller aux murs grâce à une technique spéciale, en jouant aux amoureux avec sa femme Christine.

En 1942, l’Amérique entre en guerre. Christine Boumeester et Goetz sont obligés de se cacher, en habitant des petits hôtels de Paris. Dénoncés par un poète surréaliste tchèque[Lequel ?] pour leur activité clandestine et comme « membres importants de la Résistance »[réf. nécessaire], ils sont contraints de quitter Paris.

En collaboration avec Christine Boumeester, il illustre La Femme facile de Georges Hugnet. Il illustra également de dix lithographies les Explorations de Francis Picabia. Ils se réfugient à Nice et louent une chambre chez des habitants de la vieille ville. Retirés à Nice, les Goetz fréquentent Francis Picabia, Alberto Magnelli, Jean Arp, Nicolas de Staël. Décidés de partir pour l’Amérique, ils en sont empêchés par l’occupation allemande de la zone libre et la fermeture du consulat des États-Unis. Dénoncés de nouveau à Nice, ils doivent partir pour Cannes. De nombreux petits emplois exercés à Cannes leur permettent de survivre.

Après l’explosion d’une bombe à retardement chez eux, les Picabia les hébergent le temps de trouver un nouveau logement. Pour Goetz, l’amitié avec Picabia « était stimulante, plein d’étincelles de génie »[réf. nécessaire]. Marie Lluisa Borras, auteur d’une monographie de référence sur Picabia en 1985, considère que « le retour à l’abstraction de Picabia est dû aux conversations avec ce jeune couple de peintres, Christine Boumeester et Henri Goetz […]. Ouverts et cordiaux, ils étaient amis avec de nombreux artistes de leur génération, Hartung, Vieira da Silva, Domela, Atlan ou Raoul Ubac, avec qui ils avaient fondé La Main à plume, considérée comme l’organe de la seconde vague surréaliste6. »

Un emploi trouvé à la mairie du Cannet permet à Goetz de ne pas partir en Allemagne pour le service du travail obligatoire. Ses activités dans la résistance étant terminées, il reste au Cannet jusqu’à la fin des hostilités.
La Libération

À la Libération, Goetz rentre à Paris, où il retrouve son atelier de la rue Notre-Dame-des-Champs. En 1945, René Guilly, que Goetz connaît par Ubac, l’invite faire des reportages pour la rubrique « peinture » de son émission hebdomadaire radio Le Domaine de Paris à la Radiodiffusion française.

En 1947, le cinéaste Alain Resnais tourne Portrait d'Henri Goetz, son premier film. C'est un court-métrage muet tourné en 16mm d’une durée de 21 minutes.

En 1949, Henri Goetz obtient la nationalité française.
L'abstraction

Avant 1947, un changement s’opère dans les dessins de Goetz. Il se détache progressivement de l’imprégnation surréaliste. Il s’oriente vers un graphisme, les images et les constructions s’épurent, se simplifient, il donne de plus en plus d’importance à la ligne et au trait qui deviendront la matière même de la composition. Il faudra attendre 1947 pour que cette tendance se généralise dans tout son art.

Il n'y a plus de visions chargées par l’inconscient et les formes allusives : la primauté est donnée à la construction par la ligne, la technique picturale est d’une touche plus libre et on ne trouve plus trace des glacis ni du clair-obscur. Une plus grande importance est donnée à la couleur et a sa puissance expressive. Goetz est en train de libérer et d’explorer sa palette.

Au cours des années 1950, l'abstraction de Goetz est voisine de celle d'Hans Hartung, de Pierre Soulages et de Gérard Schneider par la vivacité des tracés graphiques et le rôle des fonds colorés7. Dès 1960, le monde extérieur reprend place dans l'élaboration des œuvres, à partir des suggestions offertes par le paysage ou les objets (Bord de rivière en Corse, 1965, pastel à l'huile, collection particulière[réf. nécessaire]).

La période abstraite de 1947 à 1960 est une période de transition qu’il faut distinguer de l’abstraction comme constante de son esthétique. Dans cette période, l’artiste fait le point sur tous les moyens d’expression qu'il expérimente jusqu’à trouver ceux qui vont renouveler son style. L’espace de la peinture de Goetz change, il reçoit une nouvelle lumière. L’espace n’est plus le rideau de scène, c’est une réalité sensible[pas clair]. De 1950 à 1960, une géométrisation de plus en plus poussée s’affirme. Les formes se dépouillent et se séparent finalement les unes des autres, sur un espace richement coloré.
Rosemarie Koczy
États-Unis
1939-2007
Art Brut
James Metcalf
États-Unis
1925-2012
James « Jimmy » Metcalf (11 Mars, 1925 Janvier, 2012) était un sculpteur américain, artiste et pédagogue. Metcalf établi et dirigé une communauté pour le cuivre artisans à Santa Clara del Cobre , Michoacán , Mexique , depuis les années 1970 jusqu'à sa mort en 2012.

Metcalf est né à New York. Ses parents étaient tous deux vitraux artistes, dont la plupart contribuent notamment aux fenêtres de la cathédrale de Saint Jean le Divin . Metcalf a pris l' art et la sculpture comme un adolescent. Il est enrôlé dans la 88e Division d' infanterie de l' armée américaine , surnommé les Blue Devils, quand il avait 18 ans. Metcalf a combattu dans le nord de l' Italie pendant la Seconde Guerre mondiale, et a perdu trois de ses doigts pendant le combat à Furlo passe .

Metcalf a assisté à la Pennsylvania Academy of Fine Arts de Philadelphie , puis inscrit à l' Ecole Centrale des Arts et Métiers à Londres. Il a reçu une bourse pour étudier l' ancienne métallurgie et essentiellement déménagé à Deya, Majorque , en 1953. Il se lie d' amitié et il a collaboré avec l' écrivain Robert Graves sur son travail, la côte d'Adam, publié en 1955. Metcalf a vécu à Paris 1956-1965, où il trouve son atelier au Impasse Ronsin .

En 1965, Metcalf était un sculpteur accompli, avec un studio sur Spring Street à SoHo . Cependant, il était fatigué de l' art contemporain et a déménagé à Mexico , y compris Mexico . Il se lia d' amitié avec d' éminents écrivains et artistes, parmi lesquels Carlos Fuentes et Carlos Pellicer , et a été le premier à introduire Octavio Paz à Marcel Duchamp . Metcalf a remporté la commission pour forger la flamme olympique pour les Jeux Olympiques d' été de 1968 à Mexico. Il a été marié à l' actrice mexicaine Pilar Pellicer , sa troisième épouse, avec qui il avait deux fils et une fille. Metcalf épousa plus tard la sœur cadette de Pilar Pellicar, sculpteur Ana Pellicer , sa quatrième épouse.

Metcalf a ouvert un studio et forge en 1967, où il a enseigné les artistes comment créer des vases avec un bord épais appelé El Borde Greuso . En 1973, Melcalf et Anna Pellicer a fondé Casa de Artesana et une école. qui deviendrait connue sous le nom Adolfo Meilleur Maugard école des Arts et Métiers à Santa Clara del Cobre , de promouvoir des artistes autochtones et précolombienne chaudronnerie et forgeage techniques. Leur travail a été crédité de la préservation de la métallurgie de la région.

Metcalf est mort à Santa Clara del Cobre, Michoacan, le 27 Janvier 2012, à l'âge de 86 ans , il laisse dans le deuil sa femme, Ana Pellicer . Il a été enterré à Santa Clara del Cobre, près de plusieurs de ses sculptures.
André Bauchant
France
1873-1958
Art singulier
André Bauchant, né le 24 avril 1873 à Château-Renault en Indre et Loire et mort le 12 août 1958 à Montoire-sur-le-Loir est un peintre naïf autodidacte.
Biographie

André Bauchant naît dans l'Indre-et-Loire, à Château-Renault, au 8 de la rue Marceau, dans le quartier du Pichon, d’un père pépiniériste et d’une mère couturière. Il quitte l’école à quatorze ans pour travailler la terre dans l’exploitation familiale.

En 1900, il épouse Alphonsine Bataillon. Ils font leur voyage de noces à Paris, lors de l’exposition universelle, et visitent le pavillon des Beaux-Arts où André achète des livres d’histoire et de mythologie...

Jusqu’en 1914, il est pépiniériste, son seul loisir étant ses livres. Lorsque la 1re guerre mondiale éclate, André Bauchant est mobilisé, à l'âge de 42 ans. En 1915, il est envoyé aux Dardanelles où il découvre la Grèce qu'il connaissait à travers ses lectures. Pour passer le temps, il crayonne les paysages environnants. Au bout de neuf mois, malade, il est rapatrié puis l'armée ayant besoin de telemetreurs, il fait une formation. Il apprendra à dessiner avec exactitude et rigueur les paysages et les reliefs et à révéler un talent dont il n'avait pas encore conscience.

Libéré en 1919, il retrouve sa femme malade et son exploitation en friche. Il se retire dans les bois dans un ancien moulin à tan, La Blutière, à Auzouer-en-Touraine. C'est là qu'André Bauchant commence à peindre. Il n'a pas d'argent. Il utilise tous les supports qu'il peut trouver : les draps et les torchons du trousseau d'Alphonse, du carton, des caisses en bois, du cuivre.

Il peint dans une pièce sans lumière avec des peintures "chinees " chez le peintre en bâtiment. En 1921, il expédie seize toiles au Salon d'Automne ; neuf sont retenues. C’est au cours de cette première participation que le peintre Amédée Ozenfant et l’architecte Le Corbusier remarquent sa peinture naïve et poétique ; ils deviennent ses premiers acheteurs et amis. En 1927 et 1928, Jeanne Bucher organise, dans sa galerie parisienne, la première exposition privée en montrant 75 toiles. C'est l'époque où Wilhelm Uhde le rencontre et l’associe aux « primitifs modernes ».

En 1928, il fait construire sa maison aux Tourneboeufs, à Auzouer-en-Touraine. Il peint désormais à plein temps et aborde différents thèmes : des scènes mythologiques et des tableaux religieux, des portraits, de très nombreux paysages, des bouquets et autres compositions florales, des oiseaux…

La même année, le directeur des Ballets russes, Serge de Diaghilev, découvre ses toiles et lui commande les décors pour la création d'Apollon musagète, un ballet de George Balanchine, sur la musique d'Igor Stravinsky ; il lui achète un tableau Champs-Élysées.

En 1937, André Bauchant participe à Paris à une exposition organisée par Andry-Farcy, conservateur du Musée de Grenoble, regroupant les principaux peintres autodidactes. Cette exposition s’intitule « Les Maîtres Populaires de la Réalité ». La même année, elle est présentée à Zurich, puis à Londres et enfin à New York. Les tableaux de Bauchant s’exposent et se vendent bientôt dans le monde entier. En 1939, il se rend en Hollande pour rencontrer un peintre, autodidacte et horloger de son métier, Dick Oudes ; il y fait également connaissance du peintre allemand Erwin Bowien (1899-1972) qui exécute son portrait1.

En 1943, sa femme Alphonsine meurt après une longue maladie.

En 1949, à Paris, 215 toiles sont exposées à la galerie Charpentier. L'année suivante, Bauchant est nommé au grade de Chevalier de la Légion d’honneur pour ses 54 ans d’activité artistique et de service militaire. Pour Bauchant, qui a 77 ans, cette consécration est un symbole fort de réussite. Au mois de décembre, il épouse en secondes noces Marie Joly, sa gouvernante.

André Bauchant, vieillissant, désire habiter une maison en ville, celle des Tourneboeufs étant à l’époque isolée dans la campagne. Son goût pour la vallée du Loir lui fait rechercher une maison à Montoire-sur-le-Loir. En 1955, il y achète une grande maison et installe son atelier au premier étage. À l’époque, vu son grand âge, il ne sort guère, mais reçoit beaucoup : des amis et acheteurs venus de Paris, des amis de Tours, tous ceux que sa peinture a piqué de curiosité jusqu'à venir rencontrer le peintre…

Malade, il est victime d’une congestion cérébrale en décembre 1956, mais il continue à peindre, des fleurs, des arbres fruitiers, des kermesses, des paysages de la vallée du Loir…, jusqu’en septembre 19572.

Le 12 août 1958, à 85 ans, André Bauchant s’éteint paisiblement. Il repose au cimetière de Montoire-sur-le-Loir, allée des Roses, laissant derrière lui une œuvre considérable et quelques toiles inachevées ; en 40 ans il a peint environ 3 000 toiles, répertoriées en 2005 dans le catalogue raisonné de son œuvre3.
Inspiration

Peintre autodidacte, André Bauchant peint des sujets historiques, mythologiques ou inspirés par la Bible ; ses tableaux sont réalisés dans une veine naïve et vivement colorés. Il puise aussi son inspiration dans des livres, comme La France illustrée de Malte-Brun, Petit Larousse illustré ou la Géographie d’Adolphe Joanne, ainsi que dans des ouvrages pratiques (le Catalogue des graines Clause et Truffaut par exemple)

Mais il s'inspire aussi de scènes de la vie quotidienne (marchés, moissons, vendanges…), des paysages de Touraine et de sa ville natale Château-Renault, ainsi que de ses souvenirs de voyage (Grèce, Détroit des Dardanelles, Hollande, Saint-Paul de Vence, les Pyrénées lors d 'un pèlerinage à Lourdes)). il peint ses relations proches (médecin, cordonnier, son facteur) et la nature (fleurs, arbres, fruits, oiseaux et autres animaux).
Expositions

Trésors du Petit Palais de Genève - De Renoir à Kisling, palais de la Bourse, Chambre de commerce et d'industrie de Marseille, juin-octobre 1990.
Pierre Bettencourt
France
1917-2006
Art singulier
Après des études secondaires au Havre et en Savoie, Pierre Bettencourt suit au Collège de France le cours de poétique de Paul Valéry.

Écrivain et plasticien, il édite ses premiers textes sur sa propre presse à bras, dans la maison familiale de Saint-Maurice-d'Ételan, occupée par les Allemands.

Tout au long de sa vie, en plus de ses œuvres, il publiera aussi Antonin Artaud, Francis Ponge, Henri Michaux, Bernard Collin, Jean Dubuffet. De son côté, il écrira sous son propre nom, mais aussi sous pseudonyme. Ainsi, il signe de Jean Sadinet ses œuvres érotiques.

À partir de 1941, il se consacre à la typographie et publie, toujours sur sa presse, ses premiers livres aux colophons souvent singuliers, poétiques ou sarcastiques, mais aussi des textes inédits d'Henri Michaux (Tu vas être père), d'Antonin Artaud (Le Théâtre de Séraphin), de son ami Dubuffet (Plukifekler), de Francis Ponge (Le Galet), etc. Il n'hésitait pas à faire appel aux plus grands noms pour illustrer les livres qu'il éditait1, tout en refusant la médiatisation2.

En 1953, après un séjour à Saint-Michel-de-Chaillol avec Dubuffet, Bettencourt compose ses premiers hauts-reliefs où interviennent, sur des fonds peints, des matériaux non conventionnels (fragments d'ardoise, grains de café, coquilles d'œuf…) qui donnent aux figures leur texture singulière et leur épaisseur inquiétante.

Essentiellement thanato-érotiques, ces hauts-reliefs ressortissent du domaine de l'art brut. Ils expriment le caractère mystérieux et sacré de la vie en même temps qu'ils dévoilent avec une innocente crudité les fantasmes de l'artiste.

Bettencourt sera l'un des artistes contemporains exposé (et collectionné) par Daniel Cordier dans les années 1950-1960.

Pierre Bettencourt vivait à Stigny, depuis 1963. Il était marié à Monique Apple. Il est le frère de l'industriel et homme politique André Bettencourt.
Anselme Boix-Vives
France
1899-1969
Art Brut
De sa jeunesse de berger catalan, Anselme Boix-Vives a gardé le souvenir flamboyant de la nature. Venu s'installer en France à l'âge de 18 ans, il y exerce divers métiers avant d'ouvrir un commerce de fruits et légumes à Moûtiers en 1926.

Au milieu des années 1950, il entame un projet utopique qu'il portera toute sa vie, un « plan de paix mondiale », manifeste à l'appui.

En 1962, à la mort de sa femme, il arrête son commerce et se consacre à la peinture. Durant sept années, il produira plus de 2 000 œuvres colorées, fortement expressives et originales, où la figure humaine, aux traits souvent simiesques, se mêle à des végétations luxuriantes.
Bona Bona Pieyre de Mandiargues
France
1926-2000
Surréalisme
Bona ou Bona de Mandiargues, née Bona Tibertelli de Pisis à Rome le 12 septembre 1926 et morte le 25 août 2000, est une artiste-peintre, écrivain et poète française1.


C'est en voyant peindre son oncle Filippo De Pisis durant sa petite enfance que Bona prend goût à la peinture, et, en 1939, elle s'inscrit à l'institut d'art A. Venturi à Modène. En 1945, elle reçoit d'un psychiatre sa première commande pour un tableau.

En 1947, au cours d'un séjour à Paris, elle fait la connaissance d'André Pieyre de Mandiargues qui la présente aux surréalistes, ils se marient en 1950. Elle pose pour Man Ray et illustre les livres de son époux.

En 1952, sa première exposition personnelle est organisée à la galerie Berggruen, suivie d'une autre exposition à Milan.

En voyage au Mexique, en 1958, elle expérimente le collage de tissus qui devient son mode d'expression privilégié.
Quelques œuvres

Tableaux

La Leçon, huile sur toile, 1954
Autoportrait, acrylique sur toile, 1968
Portrait d'André Pieyre de Mandiargues, acrylique sur toile, 1968
Sybille dans l'atelier, collage de tissus et acrylique, 1983
Portrait d'Unica Zürn, assemblage en tissus, 1986
Portrait d'André Breton, assemblage en tissus, 1994

Écrits

La Cafarde, récit, Mercure de France, 1967
Paroles peintes V, avec Francis Ponge, gravures originales de Camille Bryen, Eduardo Chillida, Philippe Lepatre, Joan Miró et Raoul Ubac, Éditions O. Lazar-Venet, 1975.
Bonaventure, autobiographie, Stock, 1977
Poèmes, Fata Morgana, 1988

Source bibliographique

Georgiana Colvile, Scandaleusement d'elles. Trente-quatre femmes surréalistes, Jean-Michel Place, Paris, 1999, pages 30 et suivantes.

André Breton
France
1896 - 1966
Surréalisme
André Breton, né à Tinchebray dans l'Orne, le 19 février 1896, mort à Paris le 28 septembre 1966, est un poète et écrivain français, principal animateur et théoricien du surréalisme.

Auteur des livres Nadja, L'Amour fou et des différents Manifestes du surréalisme, son rôle de chef de file du mouvement surréaliste, et son œuvre critique et théorique pour l'écriture et les arts plastiques, font d'André Breton une figure majeure de l'art et de la littérature française du XXe siècle.
Henri Bureau
France
1940 - 2014

Henri Bureau est né le 25 janvier 1940 à Cognac.

A 18 ans, après une scolarité désastreuse, il s’engage dans la Marine Nationale pour 3 ans. C’est à cette époque que les hasards de l’auto-stop lui font rencontrer son premier amour… et la chance de sa vie. Elle est secrétaire de rédaction d’un grand hebdomadaire, il sera vite fasciné par la vie mouvementée des reporters qu’il observe en attendant sa belle au café du coin.

Deux boitiers achetés d’occasion et un flash, cela suffit pour qu’un ami le présente dans une petite agence parisienne de photographie (APIS) comme un espoir de la profession alors qu’il n’y connaît rien.

En métro, puis avec une mobylette empruntée, commence la tournée des boîtes de nuit des Champs Elysées à traquer la starlette en mal de compagnon et les stars du showbiz. Les retours au petit matin dans le labo de l’agence près des Folies Bergères pour développer les pellicules, faire les contacts et choisir les meilleures images pour que le vendeur de l’agence puisse aller les présenter dans les journaux. Les rares relevés de vente, le plus souvent établis au dos d’un paquet de cigarettes, ne permettaient pas la grande vie. Le plus simple pour se nourrir, c’était les cocktails. Heureusement il y en avait chaque jour à Paris et, le réseau de la bande de crève-la-faim des paparazzis était très bien informé…

Pendant près de cinq ans, Henri Bureau a tenté d’être bon, si possible le meilleur, dans la tourmente des jeunes reporters ambitieux. La récompense est venue en août 1966: le directeur d’une des deux agences les plus importantes de Paris, les Reporters Associés, l’engage comme salarié et l’envoi 10 jours plus tard au Vietnam.
Cela a été le début de l’aventure du Grand Reportage.

Après les Reporters Associés, il entre au staff de Gamma en 1967, puis participe activement à la création de Sygma en 1973.

Vietnam, la guerre des Six jours, les divers conflits africains, puis la politique et les grands personnages : De Gaulle, Pompidou, Chirac, les voyages de Jean Paul II… Les grandes épidémies de famine et de choléra en Asie, la Révolution des Œillets à Lisbonne saluée par un prix du World Press. L’Irlande du Nord. Le mariage de Charles et Diana. Le Liban, la guerre Iran/Irak, le départ du Shah, la mort de Nasser, celle de Sadate, Mai 68 à Paris, coup d’état en Pologne …

Henri Bureau parcourt le monde pendant 20 ans.

Il pose ses appareils en 1982 et devient rédacteur en chef de Sygma. En 1986, il prend le poste de directeur de Presse Sport, l’agence photo de l’Equipe. Retour à Gamma comme rédacteur en chef, puis directeur de Roger-Viollet de 1995 à 2005.
Il s’éteint le 19 mai 2014 après une dernière guerre contre le cancer.

Henri Bureau a publié deux livres :
- Le Temps d’une Pause, éditions Arléa (1989)
- Bouclages, éditions Florent Massot (2010)